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Photo : pixabay.com |
L’élevage de Phidippus regius, notamment de la rare variété White Bahamas, est une aventure fascinante pour les passionnés d’arachnides. Le moment de l’éclosion représente une étape cruciale et délicate. Observer les premières jeunes araignées sortir de leur cocon soulève de nombreuses questions, en particulier sur le bon moment pour les isoler et les manipuler. Cet article explore en profondeur le processus d’éclosion, les comportements maternels, le rôle de la toile, et les précautions à prendre pour garantir la survie et le bon développement de ces petites créatures.
La naissance d’une nouvelle génération : que se passe-t-il à l’intérieur du cocon ?
Chez les Phidippus regius, la ponte des œufs se fait généralement dans une poche de soie tissée avec précision par la femelle. Ce cocon, solidement fixé dans le terrarium ou le lieu de ponte, protège les œufs du monde extérieur. À l’intérieur, les œufs évoluent progressivement, passant par plusieurs stades de développement avant d’éclore.
Les premiers jours après la ponte, les œufs sont blancs et lisses. Ensuite, au fil du temps, ils prennent une teinte plus opaque. Environ trois à quatre semaines après la ponte (variable selon la température et l’humidité), les premières larves se forment. Elles passent par un stade larvaire appelé “pré-larve” ou “nymphe de premier stade”, durant lequel elles ne sont pas encore mobiles. Ce n’est qu’après une première mue qu’elles deviendront de véritables juvéniles capables de se mouvoir.
L’importance du cocon : un nid protecteur, mais temporaire
Le cocon n’est pas qu’un simple emballage. Il s’agit d’un microenvironnement soigneusement conçu par la femelle pour maintenir des conditions de température et d’humidité stables. Il protège les œufs des prédateurs, des moisissures et des variations climatiques. Ce nid de soie est aussi un espace rassurant pour les jeunes jusqu’à ce qu’ils soient capables de survivre par eux-mêmes.
Cependant, il arrive que la femelle arrête de surveiller le cocon avant même que tous les petits ne soient sortis. Ce comportement n’est pas toujours anormal. Une femelle peut s’éloigner de son cocon lorsqu’elle estime que sa fonction est terminée ou si elle est stressée, affamée, ou malade. Cela soulève une question essentielle : que faire lorsque le cocon est abandonné, mais que les jeunes ne sont pas encore sortis ?
Faut-il intervenir ou laisser faire la nature ?
De nombreux éleveurs se demandent s’il faut attendre que les petites araignées sortent d’elles-mêmes ou intervenir en soulevant les couches de soie. Il faut savoir que les jeunes Phidippus regius sont en général capables de se frayer un chemin hors du cocon sans aide. Leur première mue leur donne suffisamment de mobilité et de force pour entamer la sortie. C’est un processus naturel qui permet aussi de sélectionner les plus vigoureux.
Cependant, dans le cas d’un cocon abandonné trop tôt, une surveillance attentive est recommandée. Si après plusieurs jours les jeunes ne sortent pas d’eux-mêmes et que la toile commence à se détériorer, une intervention douce peut être envisagée. Cela doit se faire avec précaution pour ne pas les blesser ou perturber leur développement.
Comment savoir si les petites araignées sont prêtes à sortir ?
Le moment propice pour une éventuelle ouverture du cocon se reconnaît par certains signes :
La toile externe devient plus fine ou légèrement transparente.
On peut distinguer des mouvements à l’intérieur.
Des pattes ou des corps commencent à apparaître sous la couche supérieure.
On observe des fils tirés vers l’extérieur du cocon (souvent signe d’une mue imminente ou récente).
Il est important de ne pas précipiter ce moment. Une ouverture trop précoce pourrait exposer les nymphes à des chocs thermiques ou à un dessèchement brutal. L’observation reste l’outil principal : lumière indirecte, loupe ou macro-objectif peuvent aider à détecter l’évolution à l’intérieur du cocon.
Techniques pour ouvrir un cocon en toute sécurité
Si l’éleveur décide d’aider les petites à sortir, il faut procéder avec la plus grande délicatesse. Voici quelques conseils :
Utiliser une pince antistatique fine ou une aiguille désinfectée pour soulever très légèrement la couche supérieure de soie.
Travailler dans un environnement contrôlé, à température stable et avec une bonne humidité.
Ne jamais toucher directement les jeunes : leur corps est fragile et toute pression peut les blesser.
Ne pas ouvrir le cocon d’un seul coup : il vaut mieux créer une petite ouverture et observer si les jeunes en profitent pour sortir seuls ensuite.
Une fois une partie du cocon entrouverte, on peut attendre quelques heures ou jours pour voir si les petites araignées s’activent d’elles-mêmes. Dans bien des cas, une simple ouverture suffit à déclencher leur sortie.
Le moment de l’isolement : quand et comment séparer les jeunes ?
La séparation des jeunes est une autre étape critique. Il est préférable de ne pas isoler les petites immédiatement après leur sortie du cocon. Elles ont encore besoin de quelques jours pour durcir leur cuticule et faire leur première ou deuxième mue. À ce stade, elles sont encore assez paisibles et peuvent cohabiter sans trop de risques de cannibalisme.
En général, on recommande d’attendre que les jeunes aient atteint le stade L2 (deuxième mue post-éclosion) avant de les placer individuellement. Ce délai permet aussi à l’éleveur de mieux observer leur comportement, leur croissance et de repérer les individus plus faibles ou inactifs.
Que faire en cas d’abandon total par la mère ?
Une femelle qui abandonne son cocon peut le faire pour diverses raisons : stress, manque de nourriture, faiblesse, ou tout simplement instinct. Dans un tel cas, il est conseillé d’agir rapidement, mais calmement.
Isoler le cocon du reste du terrarium pour éviter tout danger externe.
Maintenir une humidité stable (environ 70%) pour éviter que la soie ne sèche ou que les jeunes ne se déshydratent.
Observer discrètement pendant plusieurs heures par jour.
Ne pas hésiter à ouvrir légèrement si aucun signe de sortie n’apparaît au bout de quelques jours après l’abandon.
Cet isolement permet de protéger les jeunes sans les brusquer, tout en gardant la possibilité d’intervenir si nécessaire.
Après la naissance : comment gérer les premiers jours ?
Les premières journées des petites araignées sont décisives. Elles ne mangent pas immédiatement, car leur système digestif n’est pas encore totalement opérationnel. Elles restent souvent immobiles ou se déplacent très lentement, regroupées dans des coins du cocon ou sur les parois proches.
Une fois qu’elles commencent à bouger activement et à grimper, on peut introduire de très petites proies comme des micro-grillons, des drosophiles ou des collemboles. Il faut faire attention à ne pas surcharger l’espace de proies : une trop grande quantité peut stresser les jeunes ou entraîner des blessures.
Conseils pour les contenants d’élevage individuels
Une fois les juvéniles isolés, chaque petite Phidippus regius White Bahamas doit être placée dans un mini-terrarium ou une boîte d’élevage adaptée. Les critères principaux sont :
Bonne aération : présence de microtrous ou de gaze fine.
Petit volume : environ 5x5x5 cm pour les premières semaines.
Un perchoir (morceau d’écorce ou de plastique suspendu) pour qu’elles puissent tisser leur toile.
Humidité modérée : un très léger brouillard d’eau tous les deux jours suffit souvent.
Il est important de vérifier régulièrement chaque individu pour prévenir les moisissures, repérer les mues et s’assurer que chacun se nourrit correctement.
Quand observer les premières vraies couleurs ?
Les Phidippus regius White Bahamas sont particulièrement appréciées pour leurs teintes claires, souvent nacrées ou légèrement bleutées. Cependant, ces couleurs n’apparaissent pas dès les premières semaines. Les juvéniles ont une teinte uniforme, souvent brunâtre, grise ou beige. Il faudra attendre plusieurs mues (généralement entre L4 et L6) pour voir apparaître les premières nuances typiques de la variété.
Cela demande de la patience, mais aussi une attention constante à leur bien-être. Une alimentation équilibrée, une humidité maîtrisée et des conditions d’élevage stables permettent d’obtenir des individus colorés et en pleine santé.
Entre précaution, observation et passion
L’éclosion d’un cocon de Phidippus regius White Bahamas est un moment émouvant pour tout éleveur. Ce processus demande de la patience, de l’observation et un grand respect du rythme naturel de ces animaux. Intervenir est parfois nécessaire, mais toujours avec douceur et discernement. Grâce à une bonne préparation et à un suivi attentif, chaque petit peut devenir un adulte éclatant, témoin du soin apporté à son élevage dès ses premiers instants.